cendrillon

pour tous ceux qui ne croient plus aux contes de fée

 

Cendrillon 01Quelle différence y-a-t-il entre Cendrillon et christian Ranucci ?

réponse :

la même qu’entre la pantoufle de vair

et le pull-over rouge

 

 

ça demande une explication

bien entendu …

 

 

 

Cendrillon 02les transformations

 

Quand on examine l’enquête Ranucci, on a l’impression que la baguette magique de la fée  reprend du service.

 

pour Cendrillon :

- la citrouille se transforme en carrosse

- le chien en cocher

- les souris en chevaux

          ainsi elle va partir pour le bal et son prince charmant

 

pour christian Ranucci :

- la Simca 1100 se transforme en Peugeot 305

- les tâches brunâtres sur le couteau se changent en sang

- le scoubidou trouvé dans le coffre devient un fouet

          ainsi il va partir pour une danse infernale menant à la mort

 

Mais il y a une autre différence.

Et celle-ci est « de taille »

 

 

 

Cendrillon 03le gabarit

 

Dans le conte de notre enfance, Le prince charmant mène son enquête.

Il fait essayer la pantoufle de vair à toutes les jeunes filles du royaume. Histoire d’être sûr de  trouver la bonne.

On peut dire que le prince mène une investigation plus approfondie que les gens sans doute moins charmants qui font essayer le pull-over rouge à christian Ranucci. Et tant pis si ce n’est pas sa taille : « il fait l’affaire »

 

 

 

Cendrillon 04un détail

 

Personne ne croit aux contes de fée.

Et pourtant ceux qui soutiennent encore la culpabilité de christian Ranucci doivent composer avec des aberrations.

« mais tout ça, c’est des détails ! » s’empressent de dire ceux qui ne croient pas à l'erreur judiciaire.

Et de renchérir :

« Moi Monsieur, ce à quoi je ne crois pas, c’est au hasard. Pas plus qu’au père Noël. Surtout quand un type prend la fuite en laissant dans le coin son couteau, et que l’on retrouve son froc tâché de sang dans son garage. Vous en avez déjà vues des coïncidences comme celle-là ? » 

 

des coïncidences comme celle-là : NON

Des coïncidences encore plus improbables : OUI !

Et plus récemment d’ailleurs, comme nous allons le voir un peu plus loin ...

 

 

 

Cendrillon 05l'affuteur

 

Essayez donc d’expliquer que christian Ranucci se trouvait près de la cité Saint-Agnès car un de ses copains d’armée habitait à côté.

Là encore, le hasard est pour certain trop énorme pour être crédible.

Et pourtant ce copain d’armée est bien réel. Maurice Benvenuti a même été auditionné au commissariat de Marseille. Dans ses propres souvenirs, il date cette entrevue à juillet 1974. Ensuite, ce témoin disparaît tout simplement de l’enquête.

On lui demande le jour de la convocation s’il reconnaît le couteau trouvé à l’entrée de la champignonnière. Il répond oui immédiatement. Mieux encore : c’est lui-même qui l’a aiguisé.

Heureusement que l’inspecteur Porte avait au moins une qualité humaine indéniable : il ne tenait pas pour un dogme le « il n’y a pas de hasard ». Sinon l’affuteur de couteau restait au commissariat avec une inculpation pour « complicité d’assassinat » !

 

 

 

Cendrillon 06le copain

 

Si maurice Benvenuti n'est pas reconvoqué, c’est que son témoignage est doublement embarrassant.

Pas tant en raison de sa domiciliation.

On peut encore imaginer que christian Ranucci se soit cherché une manière de donner le change. Un prétexte à son passage sur les lieux qu’il aurait pu préparer à l’avance pour justifier sa présence à cet endroit.

Mais le problème est que l’on vient de trouver un bon copain à christian  Ranucci. Et en matière d'orientation dans l’enquête, ça ne colle guère avec la nature solitaire et renfermée qui siérait si bien à un tueur.

Les policiers cherchent seulement la confirmation que le couteau était bien celui de christian Ranucci, et voilà qu’ils trouvent quelqu’un qui parait apprécier le personnage. Quelqu'un qui ose dire qu'il était sympathique et "normal". Ça ne va pas du tout dans le sens d’une recherche en culpabilité. Et c’est à éviter absolument pour le procès.

 

Que faire ? Ce qu’il faudrait c’est trouver d’autres copains d’armée. Ceux qui l’on trouvé nettement moins sociable. Recueillir leur témoignage attesterait qu’ils ont côtoyé un individu instable, à l'esprit peu conciliant, et d’une intelligence retorse.

 

 

 

Cendrillon 07le peloton

 

La presse est allée jusqu’à dire qu’il fallait tuer l’inculpé sans procès.

On n’a pas le droit de décevoir l’opinion publique avec un personnage qui n’aurait pas le profil idéal de l’assassin.

Alors on va à la rencontre de ces jeunes gens qui sont "quillards" depuis peu. Juste pour leur demander s'ils se souviennent du caporal Ranucci. Mais sans leur dire qu'on les enrôle pour un peloton d'exécution.

 

Le procédé est discutable, mais nous n’en sommes pas à un tour de passe-passe près. Après les taches qui se changent en sang et le scoubidou en fouet, voici le numéro de la nouvelle malle des Indes, version marseillaise.

Faites-y rentrer un copain de christian Ranucci. Il disparait. Ressortent comme par magie d’autres connaissances, plutôt hostiles à l’inculpé. Le public devrait apprécier le numéro.

 

 

 

Cendrillon 08le contact idéal

 

Le copain d’armée marseillais de christian Ranucci ne sera jamais inquiété pour complicité éventuelle.

Il est au contraire bien vite oublié dans l’enquête.

 

En matière d’exemple de complicité à démontrer, il en est une autre, bien plus récente celle-ci, qui n’est toujours pas totalement élucidée. Il s’agit de celle concernant les désormais tristement célèbres frères Kouachi. Le 7 janvier 2015, ils perpétuent le massacre de la rédaction du journal Charlie Hebdo.

Quels étaient leurs contacts ? On continue à supputer sur ceux qui auraient pu les aider dans leur entreprise criminelle. Mais il y avait une personne qui aurait bien pu leur être d’une aide précieuse. Chaque lundi matin de la semaine, il voyait deux des dessinateurs partir en conférence de rédaction.

On ne l’a malgré tout pas accusé. Et pourtant, il cumule des coïncidences extraordinaires. Ce sont justement ces coïncidences qui dépassent de très loin celles de l’affaire Ranucci.

 

 

 

Cendrillon 09le kiosquier

 

L’homme qui chaque matin dit bonjour aux dessinateurs satiriques, à savoir Cabu et georges Wolinski, n’est autre qu’un marchand de journaux du quartier Saint-Germain.

Il est à même de savoir à quelle heure les deux collaborateurs du journal Charlie Hebdo partent rejoindre l’équipe de rédaction.

Ce commerçant avait-il rencontré les frères Kouachi ? Il les verra peu avant l’heure de midi. Ceux-ci lui braquent sa voiture alors qu’il circule dans le 19e arrondissement.

La suite on la connaît. Les 2 frères finissent leur cavale à Dammartin dans la Seine-et-Marne avant d’être abattus.

L’homme qui leur fournit la voiture leur a-t-il aussi fournit des informations ? Même sans être atteint du syndrome du complotisme, la question se pose.

 

 

 

Cendrillon 101 sur 1 million

 

Environ 700.000 voitures ont leur carte grise immatriculée à la préfecture de Paris.

Mais circulent aussi tous les banlieusards qui utilisent leur véhicule pour rejoindre la capitale.

On peut donc sans risque estimer que notre kiosquier avait moins d’une chance sur 1 million de se faire braquer par les 2 terroristes.

 

Bien plus banal, le 3 juin 1974, christian Ranucci a son accident de voiture à 1 km de l’endroit où l’on retrouve le cadavre d’une fillette. D’ailleurs les gendarmes du coin ne soucient guère de ce détail sans importance. La voiture recherchée pour le rapt ne correspond pas à celle possédée par le jeune commercial.

Les coïncidences, on ira donc les chercher. Il faudra les forcer pour faire coller l'accident avec le crime.

 

 

 

Cendrillon 11le complotisme

 

Revenons à notre kiosquier.

Peut-on l’accuser de connivences avec les 2 frères en cavale ?

Savoir 20 à 30 minutes à l’avance quand démarrera le conseil de rédaction de Charlie, c’est un élément logistique capital pour le plan d’action des tueurs.

Quant à sa voiture « empruntée »,  le  changement de véhicule par les 2 frères leur permet de brouiller les pistes. Et d’ailleurs ça marche : on perd leur trace Porte de Pantin.

Ce que l’on sait, de manière certaine, c’est que ces 2 assassins qui viennent d’abattre froidement 8 personnes traitent avec une relative courtoisie celui auquel ils prennent son véhicule après l’en avoir expulsé. La voiture cale, et il en profite pour récupérer son chien en ouvrant la portière arrière. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas tétanisé par ces 2 types armés.

Avec un tel descriptif, un « complotiste » aurait vite fait de monter son scénario : 

 

 1 

contact depuis Saint-Germain des terroristes pour avertir quand la conférence de rédaction va commencer

 

 

 2 

rendez-vous rue de Meaux pour le changement de véhicule

 

De plus, une question s'impose, et que l'on aimerait bien poser au kiosquier :

"Que faisiez-vous vers 11h30 dans le 19e arrondissement :

vous n'êtes pas sensé être à votre travail, à tenir votre boutique ? "

 

Dans le suivi de l’enquête sur christian Ranucci, on est beaucoup moins scrupuleux. On avalise une histoire où il grimpe une colline pour aller assassiner une fillette alors qu’une voix derrière lui est sensée lui crier « attendez, tout peux encore s’arranger ! »

 

 

 

Cendrillon 12le mobile

 

Christian Ranucci n’avait pas le profil d’un tueur.

Et notre kiosquier, a-t-il l’esprit d’un djihadiste ?

La soixantaine, une vie tranquille du côté des buttes de Chaumont : on voit mal en quoi il peut être tenté d’aider les 2 terroristes.

L’argent ? Les frères Kouachi n’ont guère les moyens de le soudoyer. Et on ne connaît pas d’instance supérieure avérée dans le financement de l’attentat.

D’ailleurs, pour ce qui est de l’action conjointe, celle à l’épicerie kascher de la porte de Vincennes, l’auteur a dû tout financer par ses propres moyens. Sans le sou, il fait son dernier voyage pour Paris en covoiturage. Il a même dû emprunter auprès d’un organisme de crédit pour se payer des armes.

Il n’y avait donc pas d’argent dans l’affaire, car déjà si peu pour les terroristes eux-mêmes.

 

Reste l’argument religieux ? Difficile d’imaginer la conversion à l’Islam d’un sexagénaire. C’est toujours possible, mais il y a le chien. Or le Coran proscrit cet animal de compagnie, à l’exception des chiens de berger.

A moins bien sûr que le toutou ne fasse partie de la « taqïya », la « ruse divine » pour dissimuler ses intentions et mieux tromper l’ennemie … (sic)

 

Reste le dernier mystère, sans quoi le kiosquier est hors de cause :

"- que faisiez-vous dans le 19e arrondissement un jour où vous êtes supposé travailler ?

- je rentrais chez moi. J'avais fini ma journée.

- vers 11h !

- je commence à 4h30 le matin.

- évidemment, dans ce cas ... "

 

 

 

Cendrillon 13les enfants

 

Si le kiosquier a pour sa défense son fidèle compagnon à 4 pattes, christian Ranucci pouvait mettre en avant ceux « qui marchent encore à 4 pattes ».

Car sa mère gardait des enfants, sans que jamais un seul incident ne soit constaté.

En voilà encore une véritable coïncidence extraordinaire, et à décharge cette fois-ci, quand il s’agit de quelqu’un que l’on accuse d’être pédophile.

Lorsque qu’un crime est commis, on dit toujours que c’est la fin logique qui vient en aboutissement d’un parcours de délinquance. Or christian Ranucci avait un casier judiciaire vierge.

 

 

 

Le fantome 15conclusion

 

Il y avait moins d’une chance sur un million pour que celui que l’on appelle désormais « le kiosquier de Charlie » croise les assassins de ses clients du matin.

Et pourtant, il y a bien une réelle coïncidence, aussi extraordinaire soit-elle, et personne ne conteste l’innocence du kiosquier.

 

Pour ce qui est de christian Ranucci, il y a plutôt trop de coïncidences en sa faveur pour qu’il ne soit pas innocent.

Les rapprochements pour lui faire endosser le crime relèvent du « raccommodage ». Tout comme on a voulu lui attribuer à un pull-over qui n’était pas à sa taille.

Ceux qui ont oublié ce détail, pourtant essentiel, ceux-là devraient relire le conte « Cendrillon ». Et l’histoire de la pantoufle de vair dont le prince cherchait en parfait détective la propriétaire.

 

 

 

 

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