2018 : l'écrivain

 

L ecrivain 01En novembre 2018, une chaîne de la TNT invite l’auteur d'un livre concernant l’affaire Ranucci.

 

Convaincu de la culpabilité du condamné, il tient à démontrer l’imposture de ceux qui distillent le doute.

 

 

 

 

L ecrivain 02l’auteur

 

C’est tout de bleu vêtu qu’apparait l’invité sous les spots du plateau télé.

On sent l’ancien commissaire divisionnaire  qui en a gardé le style.

L’homme a de quoi être sympathique. Comme sorti du cinéma des années 50, qu’il évoque d’ailleurs au détour de ses propos. A une ressemblance avec l’acteur andré Pouce s’ajoute l’accent rocailleux de Fernandel.

Se présentant comme humble serviteur de l’esprit critique il prétend apporter au lecteur « l’affaire sur un plateau ». A chacun selon lui de se faire sa propre opinion.

Mais de rajouter, péremptoire :

« Il me semble que si l’on est quelqu’un de raisonnable, si l’on a pris connaissance de l’affaire, je vois mal comment on peut continuer à prétendre que cet homme serait innocent ».

 

« quelqu’un de raisonnable » : dans l’autre cas, quand on pense christian Ranucci innocent, alors on serait sans doute un peu « fada » comme on dit au pays où chantent les cigales …

 

 

 

L ecrivain 03pandémie

 

Il faut croire que la déraison est contagieuse.

Car l’écrivain le reconnait lui-même, les fadas, appelons-les comme ça, ceux qui croient à l’innocence de christian Ranucci, ces prétendument fadas sont nombreux.

« Comment l’expliquez-vous ? » demande la présentatrice de l’émission.

Sa réponse est claire : l’opinion publique est versatile. Elle réagit  à l’émotion.

 

C’est surement vrai en 1974, quand dans la presse locale on appelle à une exécution au plus vite. Et 2 ans plus tard une foule haineuse crie « à mort » devant le tribunal d’Aix-en-Provence.

Arrive ensuite la polémique à la sortie du livre « le pull-over rouge ». Puis le succès du film au titre éponyme. Les faits y sont examinés dans un  climat plus serein, ou en tout cas moins "explosif".

L'opinion publique réagit à l'émotion. Mais les lecteurs du « pull-over rouge » ne trouvent-ils dans ses 450 pages que de l’effroi et de la compassion?  On a droit d'y voir aussi des pistes de réflexion.

 

 

 

L ecrivain 04tactique

 

L’actif enquêteur à la retraite reconnait tout de même qu'il y a dans "le pull-over rouge" un peu plus qu’une simple tentative de jouer sur la corde sensible.

Mais plutôt que d'y voir une contre-enquête fournie, c'était à son avis « une entreprise destinée à favoriser l’abolition de la peine de  mort ». Et les procédés employés consistent, toujours selon  lui, à exagérer les faits, quand ils ne sont pas carrément déformés.

On aimerait lui répondre :

- les témoins ont-ils déformé les faits en ne reconnaissent pas christian Ranucci à la séance de tapissage ?

- le garagiste exagère-t-il qui dit que ce n’est pas la voiture de l’inculpé dans laquelle a été enlevée l'enfant ?

Dans ce cas exagération et déformation n'ont pas attendu la polémique et la sortie du livre pour exister.

 

 

 

L ecrivain 05manipulation

 

Le polémiste va encore plus loin. Il avance la thèse complotiste.

« On a arrangé les choses pour faire croire aux gens ce que l’on voulait ».

On aimerait savoir quelles choses ont été arrangées :

- Escamoter le jour et l’heure  de décès du rapport d’autopsie ?

- Effacer le rhésus dans l’analyse de la tache de sang ?

- Faire disparaître la déposition du copain d’armée du condamné ?

Tous ces manquements que notre écrivain devrait le reconnaître, arrangent plutôt les choses pour pousser à la culpabilité.

 

 

 

L ecrivain 06politique

 

« Le pull-over rouge » a-t-il été rédigé par un cabinet noir ?

Notre polémiste ne va pas jusque là. Il lâche tout de même :

« Je pense qu’il y a derrière quelque chose de politique ».

 

"Derrière", on aimerait savoir qui. "Après" on a quelqu'un. Robert Badinter.

Le ministre de la justice en 1981 évoque à l'assemblée le doute qui plane dans l'affaire Ranucci.

Alors, y a-t-il eu machination ? Plusieurs décennies après les faits, il est étonnant qu’à gauche comme à droite personne n’ai toujours pas révélée ou dénoncée une conspiration passée, si elle a existé.

 

 

 

L ecrivain 07crise

 

« Ranucci a agi dans un moment de folie » affirme l’écrivain.

L’assertion est facile, car bien sûr impossible à vérifier. Dans ces conditions, n’importe qui peut-être un assassin.

Mais l’écrivain pare immédiatement à toute contradiction. Invoquer la folie passagère revient à plaindre le condamné.  Car il l’oppose au gracié Patrick Henry qui lui était « un être froid et calculateur ».

Le kidnappeur du petit philippe Bertrand n’a pas agi dans un moment de folie ?

« Lorsque la nuit le gamin s’est mis à trépigner et à réclamer son père, je l’ai étranglé avec un foulard. Une impulsion. Deux minutes plus tôt, je n’y pensais pas. »

Doit-on y voir une tentative de Patrick Henry  pour sauver la tête ? Ce récit a été recueilli 10 ans après sa condamnation. Tout manipulateur qu’il était, on peut malgré tout avoir des raisons de le croire.

Tout comme on peut rester peu convaincu par un argument de folie passagère de christian Ranucci non étayé par l’écrivain.

 

 

 

L ecrivain 08conclusion

 

Quand un livre reprend une affaire qui avalise la thèse officielle, on peut difficilement s’attendre à des révélations inédites.

Mais en télévision, l'auteur va plus loin que ses écrits. Il évoque une éventuelle machination politique derrière le livre "le pull-over rouge". Un stratagème ourdi en coulisse pour faire douter sur la culpabilité de christian Ranucci.

L'intervention de l’ancien commissaire dans une émission télévisée peut-être entendu implicitement comme un appel à en savoir plus. Mais jusqu'à présent, si tel est le message, il semble n'avoir guère été entendu. Force est de reconnaître qu'aucun politicien n'a eu le « courage » de faire des révélations sur un prétendu "complot".

Pourtant notre écrivain n'irait pas leur en faire grief. Il le dit lui-même « c’était pour l’abolition, pour la bonne cause ».

En attendant, on peut continuer tranquillement à ne pas croire qu'une machination politique ait produit le livre "le pull-over rouge".

 

 

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Commentaires

  • ARGO
    • 1. ARGO Le 14/08/2019
    Moi je ne prétends pas qu'il était innocent ou coupable, mais je remarque que rien n'est clair dans cette affaire. Les aveux, on sait ce que ça vaut…Quant aux éléments, l'accident, le couteau, les piqûres sur les mains, les témoignages, qui, comme le bon vin se bonifient en vieillissant ou contredisent les lois élémentaires de la physique tout cela me semble de moins en moins probant!

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