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l'obstiné

innocentiste " à l'insu de son plein gré "

L obstine 01En avril 2019 disparaissait gérard Bouladou. L'auteur de "Ranucci coupable".

 

Vous l'avez forcément déjà vu dans n'importe quelle émission sur l’affaire.

 

Paradoxalement, son travail d’investigation a servi ceux convaincus de l'innocence.

 

 

 

L obstine 02conviction

 

« les gens croient Ranucci innocent, car ils ne connaissent pas le dossier ».

Telle était l'opinion de gérard Bouladou.

Il faut reconnaître qu'il était un érudit sur le sujet.

Mais son travail d'enquête n’échappait pas aux travers dénoncés par paul Lefèvre :

« On voit une accumulation de faits, et de témoignages, mais aucun n’emporte la conviction ».

Le célèbre chroniqueur judiciaire avançait à la radio cette impression le 9 mars 1976, soit au 1er jour du procès Ranucci. On serait tenté de reprendre la même assertion à la lecture de l'ouvrage de gérard Bouladou.

Au fil des années, et malgré un parcours d'investigations acharné, gérard Bouladou n’a jamais pu ramener l’élément décisif. Il en fit l'amère expérience au cours d'une émission de radio en 2012 : les auditeurs n'envoyaient que des messages pour dire qu'ils ne le croyaient pas.

 

Pourtant, ses méthodes se voulaient parfois scientifiques, ou presque. Le meurtre de la petite fille était pour lui un acte sous emprise d'un "raptus criminel". Comprenez plus crûment un "pétage de plombs".

Mais plus surprenante était sa théorie sur le couteau retrouvé à la champignonnière ...

 

 

 

 L obstine 03théorie

 

Gérard Bouladou est l’inventeur de la théorie dite « du manche à couteau ».

Ce mollusque marin, encore appelé "ensis", s’enfonce dans le sable des plages quand la mer se retire.

Selon gérard Bouladou, le couteau cran d’arrêt de christian Ranucci aurait fait presque pareil.

Il était enfoncé dans une motte de tourbe gonflée d’eau par un orage. Mais le monticule se serait rétracté sous l’effet de la canicule.

Cette auto-compression aurait "aspiré" vers son centre le couteau sur une profondeur de 20 cm en 3 jours. Ainsi s’expliquerait l’absence de trace d’enfoncement relevée par les gendarmes sur place.

 

Ce raisonnement est à l'opposé de celui du site qu'il vous est donné de lire, et qui appuie une toute autre théorie, celle du "recouvrement".

 

Mais qu'aurait fait la motte de tourbe en se rétractant ? Le plus logique est qu'elle régurgite un élément solide, le couteau en l'occurrence.

 

Quoi qu'il en soit, pour gérard Bouladou, pas de doute, c'est bien l'arme du crime.

Selon lui, les propos de christian Ranucci le trahissent.

 

 

 

L obstine 04bricole

 

« J’ai toujours mon cran d’arrêt sur moi. Je m’en sers pour bricoler. »

Cette justification de christian Ranucci devant les psychiatres n’amène guère de conclusion tangible. Sauf pour gérard Bouladou.

Il voit là la marque d’un individu cynique et dépourvu de morale.

 

Pourtant un vrai coupable, surtout s'il est cynique, mesurerait ses propos. Il se garderait bien de parler à la légère de ce couteau. Chacun est donc libre d’interpréter cette phrase a contrario des suppositions de gérard Bouladou. Et même y voir comme un indice d’innocence de celui qui a été condamné. Car ce dernier ne semble pas faire le lien entre l'acte qui lui est incriminé et l'usage courant qu'il avait du cran d'arrêt.

 

Gérard Bouladou est bien meilleur quand il demande à d'autres de s'exprimer. Car reconnaissons-le avec honnêteté, les discussions qu’il a pu mener sont autant de témoignages précieux.

 

 

 

L obstine 05impasse

 

Avec la sortie du pull-over rouge de gilles Perrault en 1978, des voix dans l’opinion publique s’élèvent.

Mais d’autres liées directement à l’affaire tombent au contraire dans le mutisme.

 

Silence pour commencer du couple qui avait poursuivi la voiture de christian Ranucci. Leurs propos avaient fait les choux gras de la presse locale.

« Fallait toujours qu’ils aient quelque chose à raconter à « Provence » » commente paul Lefevre.

Mais après la sortie du livre, on ne les entend plus. Et ils ferment leur porte à tout nouveau venu.

 

Le talent de gérard Bouladou sera de réussir à faire sortir de sa réserve le mari. L’homme prétendra avoir reconnu christian Ranucci dès l’opération de « tapissage ». Mais sans lui demander pourquoi une confrontation directe a malgré tout été nécessaire. Ne pas mettre son interviewé mal à l'aise était sans doute la condition pour éviter qu'il retombe dans un mutisme embarrassant.

 

Mais ce n'est pas tout. Gérard Bouladou parviendra aussi à recueillir d’autres témoignages exceptionnels : le garagiste témoin du rapt, un gardien ayant assisté à l’exécution, le légiste, et même un copain d’armée.

Des propos qui nous apportent un éclairage insoupçonné.

 

 

 

L obstine 06dires

 

Passons sur le témoignage du conducteur percuté par christian Ranucci.

Gérard Bouladou explique lui-même qu’il y a des « fluctuations » dans ses souvenirs.

En revanche, aucune variation dans les propos du garagiste. La voiture dans laquelle il a vu embarquer la fillette n’est pas celle de christian Ranucci.

 

Arrive la surprise avec le légiste. Il donne une description précise de la reconstitution. Ce qu’il voit, on le sait déjà. Mais on apprend avant tout une chose : il était là, bien présent à la reconstitution !

Alors pourquoi n’est-il pas intervenu ? La scène mimée de l’assassinat omet l’usage des pierres. Il ne dit rien, et il est pourtant le 1er à savoir que ce point est essentiel.

Tout le monde reconnaît que la reconstitution était bâclée. Grace à gérard Bouladou nous savons désormais qu’il y a même mensonge par omission.

 

Cette rencontre avec le légiste confirme aussi que l'analyse de la tache de sang sur le pantalon ne fournit pas le rhésus, et sans la moindre explication du laboratoire d'expertise.

 

 

 

 L obstine 07audace

 

En 2007, TF1 diffuse un téléfilm centré sur éloïse Mathon, la mère de christian Ranucci.

Une scène audacieuse nous montre un policier effaré par le comportement de ses collègues. Il leur reproche de retirer des pièces du dossier : « mais y’a pas le droit de faire ça ! »

Aucune explication n’est fournie sur ce supposé escamotage. On s’étonne d’ailleurs qu’une telle hardiesse télévisuelle n’ait pas fait polémique.

Grace à gérard Bouladou, on a idée d’au moins une pièce qui se serait « égarée ». Mais sans savoir à quel stade de l’instruction, ni dans quel service judiciaire. Il s’agit de la déposition à l’hôtel de police de maurice Benvenuti, un copain d’armée. Ce dernier donne trop de détails de son entrevue avec un inspecteur pour qu’on puisse sérieusement mettre en doute la rencontre.

 

On ignore si les scénaristes du téléfilm connaissent cet épisode de l’affaire. Le copain de régiment qui disparait du dossier. Mais l'interview qu'a accordé maurice Benvenuti à gérard Bouladou légitime l'audace du scénario. Il existe un personnage pouvant attester qu'il manque au moins une pièce au dossier. De quoi protéger le réalisateur et ses rédacteurs d'une attaque en diffamation.

 

 

 

Cas de conscience 34infléchissement

 

En 2012, gérard Bouladou, avait fini implicitement par admettre que le croquis dessiné au cours des aveux était faux.

L’emplacement de la voiture de christian Ranucci ne pouvait pas être dans la cour. Cet élément suffisait à écrouler les aveux. Mais ça n’avait pas pour autant ébranlé les convictions de l’enquêteur.

Gérard Bouladou continuait à exposer  sa certitude de la culpabilité du condamné dans diverses émissions.  Il avait trouvé son créneau de visibilité médiatique : être le "culpabiliste" de service.

Pour autant, son travail d’investigation a paradoxalement servi la cause de ceux qui croient à l’innocence de christian Ranucci. Gérard Bouladou était d’une certaine manière un innocentiste, « à l’insu de son plein gré ».

 

 

 

L obstine 09bilan

 

Grâce à gérard Bouladou, nous pouvons dresser le tableau qui suit :

 

dessin des aveux  faux 
témoignage d'un ami  escamoté 
expertise sanguine  défaillante 
reconstitution des faits  incomplète 

 

 

 

L obstine 10conclusion

 

 

A la commande son ouvrage, gérard Bouladou me fit parvenir la dédicace ci-contre. Il ne se doutait pas que j’allais suivre son "bon conseil" à la lettre.

 

Plus tard il m’injuria sur la messagerie de mon site internet.

Il faut dire que je n’avais pas été tendre dans le compte-rendu de son passage radio au micro de jacques Pradel.

Depuis, sa relève est assurée par un autre culpabiliste : jean-louis Vincent. Cet ancien commissaire est l’auteur de « du doute à la vérité ».

« J’apporte au lecteur les éléments de l’affaire sur un plateau. A lui de se faire sa propre idée. »

Soit en sûr. On ne va pas se gêner jean-loup !

 

 

 

 

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