la malédiction

JAMAIS 2 SANS 3 - docufiction

  

La malediction 01le sort de christian Ranucci

était-il scellé par une

prophétie du 13e siècle ?

 

 

amateurs de surnaturel,

vous allez être servis

 

 

 

La malediction 02le capitole

 

Novembre 1976. Le « Capitole », l’une des plus anciennes salles de cinéma de Marseille rouvre ses portes.

Les locaux sont refaits à neuf après 6 mois de travaux.

 

L’homme qui s'avance entre les sièges rouges a besoin de se changer les idées. Il est torturé par la vision d’un condamné que l’on traîne ficelé comme un paquet vers la guillotine. C'était 3 mois auparavant.

L'homme abaisse le siège d'un fauteuil pour y prendre place. Il a été spectateur d'une exécution capitale, et mesure à l'instant le plaisir simple de pointer son regard vers l'écran sans appréhension.

 

Le film qu’il s’apprête à voir connait un succès phénoménal.

 

« ça te changera les idées » lui a-t-on promis. « la malédiction » est pourtant classé film d’épouvante. Peut-il lui faire oublier l’espace d’un instant l’année épouvantable qu’il a vécu ?

 

Ce que l'homme s'apprête à découvrir le renvoie à ses propres tourments. Car il s’identifie vite au héros qui lui aussi lutte en lui-même contre ses angoisses.

 

 

 

La malediction 03la malédiction

 

A priori, rien ne rapproche notre spectateur, un juge d’instruction de 33 ans, du rôle principal, interprété par gregory Peck.

 

L’acteur incarne un diplomate qui voit autour de lui se succéder des événements dramatiques. Cet homme pourtant rationnel est face à un dilemme. Il doit se faire à l’idée que son fils puisse être l’incarnation du démon, s’il veut arrêter le cycle infernal de disparitions violentes.

 

La trame scénaristique fait intervenir le malheur à répétition, jusqu’à convoquer le surnaturel.

 

Dans la salle, notre juge a le sentiment terrifiant de revivre à travers le héros sa propre histoire. C’est lui qui a achevé l’instruction de l’affaire Ranucci. De l’enquête à l’exécution, des coïncidences étranges apparaissent. A chaque fois qu’une possibilité d’échapper à la mort se dessine pour l’accusé, l’adversité de manière implacable, vient systématiquement se mettre en travers.

 

Pour bien comprendre la situation, revenons là où tout commence pour notre magistrat. Nous sommes au début de l’année 1975.

 

 

 

La malediction 04l’instruction

 

4 février 1975.

Notre juge s’apprête à rencontrer l’inculpé : christian Ranucci.

Tout juste sorti de l’école de la magistrature, on lui confie déjà l’instruction d’un dossier pour une cour d’assise.

Beau début de carrière ! C'est du moins ce qu'il croit.

 

En réalité, il est seulement chargé de boucler le dossier avant transfert au tribunal. Les témoins et intervenants principaux ont déjà été entendus. La juge d’instruction qui l’a précédé lui a lâché l’affaire pour cause de promotion à la cour de cassation.

 

Mais à la lecture des rapports et dépositions, le « remplaçant » fait une troublante découverte. Tout semble étrangement régi par les règle du « jamais 2 sans 3 ». A commencer par les témoignages.

 

 

 

La malediction 05les témoins

 

Dans le dossier, notre juge a sous les yeux 3 dépositions.

Elles désignent ouvertement christian Ranucci comme le coupable du meurtre d'un fillette :

 

- 2 toulonnais qui ont pris en chasse la Peugeot 304 du suspect

+ le conducteur qui a eu l’accident avec ce véhicule

 

Mais il y a aussi 3 autres témoignages qui sont moins catégoriques, voir qui évoqueraient la piste d'un autre homme :-

- 2 habitants de cités marseillaises qui parlent d’un rodeur au pull-over rouge

+ le garagiste qui a vu le rapt

 

Pour les 2 situations, on est dans le proverbe : jamais 2 sans 3.

 

Mais cette étrange coïncidence ne s’arrête pas là.

 

 

 

La malediction 06la convocation

 

Il faut bien rencontrer l’accusé, et notre juge le convoque une 1ère fois le 4 février 1975.

Il n’a qu’une seule chose à lui annoncer : sa nouvelle demande d’expertise psychiatrique transmise par ses avocats a été rejetée.

 

Puis vient une nouvelle convocation de l’intéressé 2 semaines plus tard, le 20 février. Cette fois le jeune juge lui signifie que son analyse chromosomique ne présente aucune anomalie.

 

Si la règle du jamais 2 sans 3 vient s’appliquer, alors une nouvelle entrevue doit logiquement être planifiée. Et d’ailleurs, quelques jours plus tard, arrive depuis la prison des Baumettes jusqu’à son bureau …

 

 

 

La malediction 07la demande

 

Ce qui arrive au bureau du juge le 24 février, c’est un courrier de christian Ranucci.

 

Les 2 entretiens qu’a eut l'inculpé avec son nouvel interlocuteur chargé de l’instruction n’ont guère été fructueux. Mais le prisonnier a découvert quelqu’un de posé et courtois. Et bien sûr, cela change considérablement de ce qu’il avait connu auparavant.

 

« J’ai des choses importantes à dire » annonce d’emblée sa lettre. Aussi l’accusé sollicite-il une nouvelle entrevue. Car il a repris espoir avec le changement de magistrat instructeur.

 

Le juge va-t-il accéder à sa requête ?      

A priori oui, car « jamais 2 sans 3 ».  

      

Sauf que … 

 

 

 

La malediction 08l'expectative

 

Quelle peuvent bien être les révélations que souhaite faire christian Ranucci ?

Notre juge prend acte que le courrier n’en parle même pas.

Et les révélations tardives, de toute façon, mieux vaut s’en méfier.

 

D’ailleurs, le jeune magistrat a toutes les raison du monde d’être méfiant. Ce que la prévenu n’a pas dit à son 1er juge d’instruction, pourquoi l’avoir caché, et attendu son remplaçant pour en parler ?

 

Il s’est peut-être dit que « le petit jeune, je vais l’embrouiller » ?

 

S’il a vraiment des « choses importantes à dire », alors c’est parfait : il pourra les expliquer au 3e juge qu’il rencontrera. Celui qui présidera son procès.

 

Jamais 2 sans 3, n’est-ce pas ?

 

On peut estimer comme hypothétique le calcul que fait le magistrat. Mais un fait reste établi : il ne sera jamais pas donné suite à la demande d’entrevue de christian Ranucci.

 

 

 

 

 

La malediction 09la destinée

 

 

Notre juge, homme rationnel, ne croit guère au principe de « jamais 2 sans 3 ». Il n'en ferait pas en tout cas une règle de vie.

Guère compliqué que de trouver des contre-exemples. Lui-même n’a que 2 enfants. Et il n’y a pas de 3e de prévu. Mais d’un autre côté c’est une situation qu’il a choisi avec son épouse.

 

Pour ce qui est de l’affaire Ranucci, c’est tout autre chose. Que l’on soit témoin ou auxiliaire de justice, aucun des belligérants n’a choisi d’y être associé. Lui-même s'est vu refiler le dossier par les hasards de la carrière. Il fallait bien remplacer celle qui a gagné sa promotion à la commission des appels.

 

Mais au fait, d’où sort cette règle des « jamais 2 sans 3 » ?

 

 

 

La malediction 10le proverbe

 

Un rapide passage à la bibliothèque du palais, et notre juge découvre que le proverbe vient de l’expression :

"tierce fois, c'est droit"

La citation lui rappelle ses études de faculté. « testis unus, testis nullus » : le témoin unique ne vaut rien. C’est ce que l’on apprend dès la 1ère année.

 

"tierce fois, c'est droit" semble conforter la règle latine. D’ailleurs, elle apparait au moyen âge, quand le roi Saint-Louis réalise ses réformes de la justice. On peut l'interpréter comme la nécessité d'avoir 3 témoins pour être crédible.

Mais s’agit-il bien d’une règle juridique?

L’ouvrage qu’il consulte penche plutôt pour la règle d’un jeu de hasard qui aurait disparu. Si le hasard est un jeu, il ne profite guère à l'accusé.

 

 

 

La malediction 11le hasard

Dans sa cellule christian Ranucci écrit à sa mère :

« j’ai tiré le gros lot du malheur, sans même avoir acheté mon billet ».

Si l’expression "tierce fois, c'est droit" fait référence à un jeu de hasard, alors on peut y voir un mauvais présage.

 

 

 

La malediction 12l'enjeu

 

Admettons l’espace d’un instant, que le principe du « jamais 2 sans 3 » soit une règle intangible.

Alors si le juge refuse de revoir christian Ranucci, cela revient tout simplement à le condamner à mort .

Car dans cette seule logique, l’unique possibilité pour les 2 hommes de se revoir une 3e  fois, ce serait pour une exécution.

Notre juge l'ignore : si un verdict de mort est prononcé et appliqué, il risque d'être  commis d’office pour y assister.

 

Mais nous n’en sommes pas encore là. Et lui a apparemment d’excellentes raisons de ne pas croire à la condamnation suprême.

 

 

 

La malediction 13les sécurités

Notre juge transmet le dossier à la cour d’assise à la mi-mars 1975.

Son esprit est serein. Le dossier est largement à charge. Mais on trouve 3 bonnes raisons de penser qu'il ne met pas pour autant en jeu la vie de christian Ranucci.

3 institutions ont de quoi rassurer contre le spectre de la guillotine : l’assemblée nationale, la cour de cassation, et en dernier lieu l’Elysée.

 

 

La malediction 141 – le parlement

 

A l’assemblée nationale, les partis d’opposition décident de prendre au mot le nouveau président de la république.

N’a-t-il pas affirmé : « Il me suffit d'entendre le terme "peine de mort" pour comprendre l'horreur de la chose ».

Par conséquent, les députés demandent, et ils l’obtiennent, un débat à l’assemblée.

On est 1 mois pile après la transmission du dossier Ranucci en cours d’assise. Voilà qu'une session parlementaire s'ouvre pour débattre sur la peine capitale. Le 16 avril 1975 précisément.

L’abolition est-elle en route ? Peut-être pas.

Mais un moratoire, cela reste une hypothèsee tout à fait envisageable.

 

 

La malediction 152 – la cassation

 

Notre juge le confie à son entourage professionnel : le dossier d’instruction a de sacrées lacunes.

Ne serait-ce que dans la rédaction des procès-verbaux.

Un dossier dans cet état, on peut le voir comme une défaillance qui met en danger une application équilibrée de la justice. Mais on peut aussi le considérer comme un cadeau fait aux avocats.

Ils pourront s’engouffrer dans les failles de l’instruction au procès. Et si ça ne marche pas, ils peuvent encore se rattraper à la cour de cassation. Et là, ils pourront tout recommencer à zéro : une nouvelle cour d’assise, avec de nouveaux jurés, et la relocalisation du tribunal à la clef.

Donc, un dossier d’instruction « bouclé-bâclé », c’est encore le meilleur moyen de donner un coup de pouce à la défense ! A eux de saisir cette chance.

 

 

La malediction 163 – l’Elysée

 

En dernier recours, il reste la grâce d’un président.

Accordée par celui qui a déclaré publiquement « son aversion profonde pour la peine de mort ».

Notre juge ne cache pas sa sympathie pour le nouveau président.

Et avec Giscard à la barre, la guillotine se débine.

Le magistrat débutant peut dormir tranquille. Car si l’on compte les obstacles à la guillotine, jamais 2 sans 3.

Et après une nuit d'un sommeil léger, il peut le matin ouvrir tranquillement son journal. Histoire de savoir comment se passent les débats à l’assemblée. Les parlementaires abolitionnistes vont-ils marquer des points ? 

 

 

 

La malediction 17le fiasco

 

16 avril 1975 à l’assemblée nationale.

La question au gouvernement sur la peine de mort se déroule ce jour là.

Autant le reconnaître, c’est une déroute complète pour les abolitionnistes.

Il faut dire que l’actualité n’aide guère les opposants à la peine de mort. Nous sommes en plein contexte d’enlèvements politiques, et de prises d’otage crapuleuses.

 

C’est Jean Lecanuet, garde des Sceaux, qui donne, on peut le dire, le coup de grâce. Il intervient pour rappeler qu’il faut user de tous les moyens disponibles pour éviter que ne coule le sang des innocents. Surtout quand des malfaiteurs font du chantage et  menacent de tuer leurs otages. Toujours le principe de la peur de la guillotine sensée arrêter le bras meurtrier prêt à commettre l’irréparable.

Mais notre ministre de la justice en fait aussi une question de morale . On a d’un côté des criminels. Eux décident arbitrairement de la vie ou de la mort d’innocents.

A l'opposé, il y a les juges. Peut-on leur interdire de délibérer réglementairement sur la vie ou la mort de personnes déclarées coupables ?

 

A la lecture des compte-rendus de séance parlementaire, notre juge ne s’émeut guère. L’histoire de la justice en France, il la connait, un peu. Ce n’est pas le 1er débat sur le sujet, et il y en aura d’autres encore. Quant au fonctionnement de la cour de cassation et de la grâce présidentielle, rassurons-nous, elles restent inchangées.

 

 

 

La malediction 18l'abandon

 

Le procès Ranucci ouvre le 9 mars 1976. C’est un naufrage  pour la défense.

Les 2 avocats qui doivent plaider ont vu un 3e comparse rejoindre leurs rangs.

Sauf que la ligne de défense se lézarde. Et au 2e jour du procès, le collègue décide de ne pas plaider. Il juge la stratégie choisie comme intenable.

Jamais plaider à 2 sans le 3e !

Car pour la partie adverse comme le public, l'interprétation est catastrophique. Cette désaffection parait être la preuve que même l’un des avocats ne croit pas à l’innocence de son client.

Est-ce le seul élément qui ferme la décision des jurés ? Certainement pas. Mais le verdict de mort à l’issue des débats devient inévitable.

 

 

 

La malediction 19le calcul

 

Comment réagit notre juge qui a instruit l'affaire  en apprenant le verdict ?

Un pensée vient le rasséréner à la fin de l'article qui relate le procès dans le journal. " La cour de cassation va relancer les dés".

D’ailleurs, il a lui-même toute qualité professionnelle pour apprécier la demande que s'empressent de faire les avocats.

La malediction 20Force est de constater que les 4 motifs présentés pour un nouveau procès lui semblent tout à fait recevables.

 

Malheureusement les juges de ce que l’on pourrait considérer comme la « session de rattrapage » ne l’entendent pas de cet avis.

Le 17 juin 1976, la cour de cassation rejette la demande d’un nouveau procès.

 

Maintenant, il ne reste plus qu'une bouée de sauvetage pour le condamné. L'ultime recours au plus haut sommet : la grâce.

Notre juge peut-il encore dormir tranquille ?La malediction 21

Il croise les doigts pour l’ultime chance de repêchage. Celle qui se jouera à l’Elysée.

 

Sauf que le procès a prononcé la peine de mort, et  la cassation a été rejetée.

 Si la suite des évènements se poursuit  dans la même logique, on devrait s’attendre à un « jamais 2 sans 3 ».

 

Notre juge n’est pas dans le secret des Dieux. Loin de l’Elysée, où tout va se jouer.

 

 

 

La malediction 22la décision

 

Pour rendre sa conclusion : gracier ou pas, le président dispose sur son bureau des 2 avis réglementairement exigibles.

Il s’agit d’une part de celui du procureur, et d’autre part de celui du juge qui a présidé la cour d’assise. Les 2 avis sont négatifs sur la possibilité de gracier le condamné.

Voilà qu'arrive un 3e avis, et que l’on n’attendait pas. Bien moins policé dans la forme, il est de la main même de la mère de la petite victime. Ce n’est certainement pas l’avocat de la partie civile, maître Collard, qui l’a poussée à écrire. Car contrairement à son défenseur, elle réclame la mort pour le condamné sinon « je ne croirai plus jamais à la justice » écrit-elle.

 

Dans ses mémoires, le président reconnait que ce 3e avis qui a pesé lourd dans sa décision.

 

 

 

La malediction 23la coïncidence

 

Notre juge commence à voir son rationalisme  vaciller. Il tente de se raisonner :

« Jamais 2 sans 3 ?

Et pourquoi pas jamais trois cent quatre, vu que c’était la voiture Christian Ranucci ! »

La raison certes, impose de ne voir dans cette succession de coïncidences que la main du hasard.

Mais faut-il croire que les décisions des individus ne seraient mues que par des raisonnements cartésiens ?

On lui a raconté comment l’avocat maître Lombard marchait de long en large dans la salle des pas perdus en attendant le verdict. Et il touchait du bois au passage devant un arbre.

 

Lui, juge d'instruction commis à l'exécution, il restera immobile, tétanisé contre un mur au matin de la mise à mort.

 

 

 

La malediction 24la superstition

 

Et christian Ranucci lui-même. Reste-t-il rationnel dans ses derniers mois de vie, ou devient-il superstitieux ?

Une chose est sûre, il croit au destin.

« Il aurait suffi d’un clou sur la route et l’accident et tout le reste n’aurait pas eu lieu » écrit-il à l’isolement.

S’il est convaincu de la fragilité des destinées humaines, il accepte le fétichisme de sa mère pour lui faire plaisir. C’est sur son très mauvais conseil qu’il arbore une croix ostentatoire au tribunal. Plus tard, il lui promet de s’adresser à Dieu  à la même heure qu’elle pour unir leurs prières.

 

Jusqu’au bout, dira son avocat, il reste persuadé qu’il sera gracié.

Mais au jour de l’exécution, il récuse son aumônier.

 

 

 

La malediction 25le mythe

 

Pour christian Ranucci, tout est fini an matin du 28 juillet 1976. Mais pour notre juge, il faut bien continuer.

Même si évidemment, c’est dur. Et même très dur !

 

La suite de sa carrière parait pour certains un exemple de courage. Le cinéma se chargera plus tard d'idéaliser le personnage.

Mais son attitude professionnelle, quasi désinvolte, au mépris du danger, révèle plutôt d’un comportement ordalique.

Ce qu'on appelle l’ordalie, c’est la « justice de Dieu » au moyen-âge. Et le comportement ordalique, c’est aujourd’hui pour les psychiatres ce qui explique l’attitude des « risque tout ». Cette posture mentale consiste à mettre sa vie en danger. Juste pour savoir si le destin estime qu’elle mérite d’être sauvée.

 

Notre juge s’en rend bien compte : il n’a rien fait pour la vie de christian Ranucci. Consciemment ou sans vraiment se l’avouer, défier le danger lui permet de se racheter des manquements qu’on pourrait lui reprocher.

Car il lui en faut de l’aplomb durant toutes les années qui suivent l’exécution. Quand on doit vivre avec la crainte que la polémique de ce que tout le monde appelle désormais « l’affaire du pull-over rouge » vienne vous éclabousser.

Et il y a surtout cette lettre sur son bureau. Cette lettre écrite de la main du supplicié. Cette lettre qu’il a préféré ignorer.

 

 

 

La malediction 26récapitulatif

le tableau  ci-après offre une résumé de l’histoire :

 

2

+

1

témoins à charge

le couple de toulonnais

le conducteur accidenté

témoins pour la défense

les 2 habitants des cités marseillaises

le garagiste

juges

2 juges d’instruction

1 juge de cour d’assise

avocats

2 avocats du cabinet mandaté

1 avocat en complément

avis sur la grâce

2 magistrats

1 femme au foyer

 

La malediction 27Si l’on croit un instant que la règle du « jamais 2 sans 3 » s’applique systématiquement, alors la décision (ou non décision) de notre juge est capitale, comme la peine du même nom.

 

 

 

La malediction 28épilogue

 

La malédiction du "jamais 2 sans 3" devait rattraper notre juge quelques 10 années plus tard.

En 1981, il est abattu en pleine rue de 3 balles de pistolet, dont l'une atteint le cœur. 

3 hommes sont condamnés pour cet assassinat : les 2 tueurs à moto et un commanditaire.

La victime avait 38 ans. 38 comme le pistolet 9 mm, même si pour ce même calibre les meurtriers utilisèrent un parabellum.

Le crime a lieu tout juste 1 mois après l'abolition de la peine de mort. Le juge eut le temps de constater que la règle du "jamais 2 sans 3" se poursuit après l'exécution de Christian Ranucci. Car contrairement à ce que pense trop souvent l'opinion publique, il ne fut pas en 1976 le dernier condamné à mort avant l’abolition. Il y en eu 2 autres en 1977.

 

 

 

La malediction 29contestation

 

 

"C'est faux ! il n'y a pas eu 3 condamnations, mais 4."

On peut aisément contester la règle du « jamais 2 sans 3 » pour ce qui est de l'assassinat du juge. Car effectivement, 2 tueurs furent condamnés, ainsi que 2 commanditaires.  

Ce qui porte bien à un total de 4 condamnations.

Mais l’un des deux commanditaires ne fut jugé que par contumace, soit en son absence. En clair, la peine est réelle mais ne s’applique que si le coupable est retrouvé est arrêté.

Or le 4e homme disparut sans laisser de trace, et n’a jamais refait parler de lui. Comme s’il avait bénéficié d’une protection. Protégé par la règle du « jamais 2 sans 3 » ?

 

 

 

cLes psychiatres 17onclusion

 

Une 3e rencontre entre christian Ranucci et son juge, et le voilà sauvé.

C’est du moins ce que l’on peut croire, si la règle « jamais 2 sans 3 » s’applique systématiquement.

Bien sûr tout cela ne repose que sur un hasard extraordinaire.  Mais ces coïncidences exceptionnelles semblent défier ceux qui ne croient pas à l’innocence de christian Ranucci.

Leur argument est d’ailleurs invariablement le même :

« il y a trop de coïncidences dans cette affaire. Et les hasards extraordinaires, je n’y crois pas ! »

Et pourtant, avec la règle du « jamais 2 sans 3 », on démontre définitivement que les hasards incroyables, cela existe.

 

Et s’il demeure encore des gens pour refuser de le reconnaître, voici un ultime argument :

Le dernier condamné, Hamida Djandoubi, eut droit à sa dernière cigarette.

On lui en accorda une deuxième. Or "jamais 2 sans 3". Il réclama effectivement une 3e. Elle fut refusée.

Evidemment, à ce stade, le sort du condamné ne faite guère de doute. La sonnerie du téléphone de dernière minute, de dernière seconde, avec au bout du fil l'Elysée, c'est du fantasme.

Mais cela confirme que lorsque la règle du "jamais 2 sans 3" n'est pas respectée, comme ce fut le cas avec le juge d'instruction qui refusa la 3e entrevue, alors l'issue pour le justiciable est fatale.

 

 

 

 

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