l'accroche
le fait incroyable mais authentique
Aujourd’hui pour réaliser un film, il faut accrocher le spectateur dès la 1ère image. Sinon il zappe.
Voici comment pourrait démarrer une nouvelle réalisation sur l'affaire Ranucci.
« bah ... elle est froide ! »
« tu crois que c’est un jour pour te plaindre Ranucci ? » renvoie le gardien.
« Ok chef ! … »
Prendre une douche. C'est la chose qu'a spontanément demandé le prisonnier en apprenant la nouvelle : il est gracié !
Se laver, une phase de purification avant de se démarrer une nouvelle vie. Une nouvelle existence, pour ne pas dire sa résurrection.
Une fois rhabillé, christian Ranucci regagne sous escorte sa cellule en passant devant le bureau des gardiens.
"Peuchère, il s'en tire bien le p'tit Ranucci !" lâche avec son accent à la Pagnol l'un d'entre eux, voyant avancer le tout juste gracié dans le couloir.
"Si ça tenait qu'à moi..." répond un autre, mimant des deux plats de la main la chute du couperet de la guillotine.
Tous autour de la table se tournent vers le poste de radio posé en son centre, qui égraine la nouvelle déjà connue :
" Cela faisait presque 5 mois que l'un des prisonniers des Baumettes attendait une décision. La décision. Et la nouvelle vient à peine de tomber : christian Ranucci, 22 ans est gracié par le président valéry Giscard d'Estaing. Ranucci échappe donc à sa condamnation à mort. Rappelons qu'il est l'auteur du meurtre d'une fillette près de Marseille en juin 1974 ..."
La cellule de condamné à mort n'en a plus en principe que le nom.
Sitôt la pièce réintégrée, Christian Ranucci s'affale sur son lit. Fixant un point imaginaire au plafond, les réflexions s'entrechoquent dans sa tête.
A la joie que lui a procuré l'annonce de la grâce vient succéder de nouvelles interrogations.
« quand même, je prends perpet’ ».
« tragedia de la viva » a-t-il envie de rajouter. Car ses derniers temps, il s'est mis à apprendre l’espagnol.
« il faut que je vois mes avocats. Et ma mère bien sûr. »
Sa main avance lentement vers le poste de radio. Innovation pour un incarcéré en isolement. L'administration pénitentiaire pour la première fois de son histoire accorde la présence du poste de TSF.
Dès le bouton de mise en marche tourné, jaillit l'incontournable tube de l'été « Porque te vas » - pourquoi tu pars - , chanté par jeannette Demich.
Mais à peine la chanson finie retentit le jungle du flash d’information. Le chroniqueur ouvre par ce scoop :
" Bonjour, Nous venons de recevoir à l'instant une missive provenant directement du palais de l'Elysée. Celle-ci concerne l'un des détenus de la prison des Baumettes : christian Ranucci. Nous vous annoncions il y a 1 heure sur cette antenne qu'une grâce lui avait été accordée. La présidence a tenu à démentir cette information, arguant quelle n'a rien d'officiel, et qu'elle ne peut en aucun cas provenir de ses instances."
Le regard de christian Ranucci se fige dans une souffrance indicible.
" ...En attendant d'en savoir plus sur les raisons qui ont pu amener à cette méprise, le sort du condamné reste par conséquent toujours en suspend. D'après les premiers éléments, l'erreur pourrait venir d'un test de transmission utilisant un message fictif qui a été interprété comme une vraie nouvelle dans une salle de rédaction. Nous vous tiendront au courant sitôt les conditions d'une annonce pour le moins anticipée seront totalement éclaircies ..."
L'image devient un lent dézoomage sur le visage figé et incrédule de l'acteur incarnant christian Ranucci. La bouche est agitée de tremblements avant de lâcher un
" NNNNOOOOON !!!! "
Et c’est là qu’arrive
le générique de
début du film ...
Commentaires
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- 1. Pierrot Le 14/04/2018
Bien triste histoire qui a encore des rebondissement aujourd'hui!
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