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le scellé

une révélation bien tardive

 

Le scelle 01 min 1le couteau retrouvé à la champignonnière était-il déjà au commissariat de Marseille,

la veille de sa découverte ?

 

en 2006, cette folle rumeur

est définitivement démentie

 

mais elle ouvre sur de nouvelles interrogations

 

 

 

La confrontation 02le dilemme

 

La simple vue de du déroulé des évènements crée la surprise :

 

3 juin 1974

enlèvement et assassinat

5 juin

découverte du corps et

procès-verbal du scellé du couteau

6 juin

découverte du couteau

 

Le procès-verbal du scellé est rédigé le 5, avant même que le couteau soit retrouvé le lendemain.

De là à dénoncer à la machination, la tentation est grande. Et ce n’est pas la seule anomalie administrative relevée dans la procédure d’enquête. La séance d’identification est autant sujette à caution.

 

 

 

La confrontation 9Janus

 

Le formulaire de scellé du couteau peut paraître douteux.

Le procès-verbal de « tapissage » est quant à lui carrément inexistant.

Comme dans un jeu de dissymétries, semblables à des portraits opposés, on pourrait dire que le 1er est daté de la veille, et le 2nd sans lendemain.

Erreur ou négligence ?

Pour le tapissage, nul ne sait pourquoi il n'existe pas de trace écrite.

Mais concernant le couteau "antidaté", une explication voit finalement le jour. Mais au bout de 30 ans tout de même.

 

 

 

Le scelle 04 minla révélation

 

C’est en 2006 que l’explication nous parvient enfin. Emanant d’un avocat général à la cour d’Aix-en-Provence.

Celui-ci a l’avantage d’offrir deux gages de crédibilité. D'abord il est jeune. Et d'autre part il est ... breton.

Non pas que l’esprit taciturne que l’on prête aux armoricains soit nécessairement un atout pour qui agit dans la cadre de la justice. Pas plus d’ailleurs que la jeunesse soit une qualité intrinsèque.

Mais la situation du magistrat présente un double avantage. Il a 38 ans, et donc n’a pas pu, de près ou de loin, interférer dans le traitement de l’affaire entre 1974 à 1976. De plus, ayant grandi en Bretagne, il n’a pas non plus connu la fièvre qui anima la population des Bouches du Rhône à l’époque.

C’est un donc un regard neuf et une conscience qui n’a pas à se justifier qui aborde l’affaire.

 

 

 

Le scelle 05 minla procédure

 

« La date de scellé est une date unique. Elle correspond à celle du jour de l’ouverture de l’enquête.

Cette date unique est inscrite sur l’étiquette de scellé, même si l’objet est découvert le lendemain, ou 2 jours plus tard. Ou après. »

 

La voilà donc l’explication fournie par notre jeune magistrat breton. (!)

Selon ses dires, le décalage d'un jour dans la date relèverait a priori d'une méthode de travail normale, dans le cadre d’une enquête policière tout aussi régulière.

 

Pourtant, le 5 juin 1974, christian Ranucci n’est pas encore passé aux aveux. Ce n’est que le lendemain que les gendarmes se rendent sur place pour récupérer le couteau sur ses indications. Mais c’est tout de même le 5 juin qui est retenu pour la datation du scellé. 

 

En repensant à notre avocat général, on peut songer à un autre breton qui causerait bien des soucis au suivi administratif …

 

 

 

Le scelle 06 minailleurs

 

…le lendemain, 2 jours plus tard. Ou après. »

L'avocat général ne voit pas d'inconvénient à ce que l'objet recherché soit daté non pas du jour de la découverte, mais avant, celui de l'ouverture de l'enquête.

C'est une chance pour notre breton en arrivant à Aix de ne pas avoir dans ses valises le dossier « docteur Godard ».

 

Imaginons que par les hasards d’une délocalisation audacieuse, cette troublante affaire choisissent l’autre bout de la France pour son suivi. Le « ou après » prend alors une teneur surréaliste.

Heureusement qu’Aix-en-Provence n’est pas en Bretagne, sinon …

 

 

 

Le scelle 07 minle serpent de mer

 

Le docteur Godard est ce médecin acupuncteur soupçonné du meurtre de son épouse.

On perd sa trace le 2 septembre 1999 alors qu’il prend le large à Saint-Malo sur le voilier où il amène ses enfants.

On en perd sa trace ? Pas tout à fait.

La mer rejette des éléments qui laissent à penser à un naufrage.

Une mise pour faire croire à sa disparition et stopper les recherches ?

Les pièces récupérées se doivent d'être dûment répertoriées en qualité d'indice. Et la liste des scellés s’étale sur 7 ans.

 

1999

5 septembre

( 3 jours plus tard)

l’annexe pneumatique

16 septembre

un gilet de sauvetage

23 septembre 

le radeau pneumatique

2000

16 janvier

un sac de toile

10 juin 

un ossement

2001

11 février

la carte professionnelle

22 février 

la carte bancaire

3 juin 

une autre carte

31 juillet 

encore une carte

2003

8 août

une mallette

2006

13 septembre

un ossement

 

Comme on le voit, les rebondissements de l’affaire à chaque découverte demandent un traitement rigoureux de tous ces éléments.

 

Mais si le travail avait été réalisé comme à Aix, tel qu’on nous l’a présenté, au moins il serait simplifié. Pour ces 11 pièces, une seule et même date de scellé :

 

 

6 septembre 1999 La confrontation 07

 

 

La date de l’ouverture de l’enquête vaudrait pour toutes les découvertes.

On réclame l'égalité face à la justice. Mais pas celle des dates de scellés !

 

 

 

Le scelle 09 mintraçabilité

 

Certes on sait que la justice est difficile à faire « bouger ».

En 2006, la fameuse « date unique » était de vigueur. C'est ce qui est affirmé. Et peut-être l’est-elle encore aujourd’hui.

 

Bien avant 2006, on évoquait déjà partout dans la société la « traçabilité ». Allez acheter une côtelette au supermarché. Pour peu qu’elle ne soit pas débitée devant vous, vous la trouvez sous emballage en rayon. L’étiquette vous informe alors de la date de conditionnement, et de celle de limite de consommation. Il pourra même éventuellement figurer le mode d’élevage et d’alimentation.

A ce train-là, pour une barquette d’œufs, on vous indiquera bientôt l’ADN du cul de la poule qui l’a pondu ! (sic)

On voit en tout cas le souci qui prévaut aujourd’hui dans le suivi des produits alimentaires.

Mais s’agissant d’une affaire criminelle, à en croire notre avocat général, on ne s’embarrasse pas trop de tous ces « chichis ». ça ne parait pas poser de problème que la vraie date soit le lendemain, le surlendemain, « ou après … ».

 

A croire qu’un indice dans une affaire criminelle à moins d’importance qu’un beefsteak acheté à la supérette.

"Alimentaire mon cher Watson !".

 

 

 

Le scelle 10 minlenteur

 

Imaginons que ça  se passe vraiment « comme ça ».

Dans l'affaire Ranucci, il ne fallait donc pas voir anguille sous roche quand en 1976 le livre "le pull-over rouge" démarre les remises en causes de l'enquête sur l'étrange date de PV de découverte du couteau.

Mais alors, si tout cela est "normal", pourquoi avoir attendu 30 ans pour le dire ?

 

Certes, la date de scellé n’est qu’un des éléments jugé incohérent par le livre « le pull-over rouge ». Certes également, on est en droit de feindre d'ignorer les arguments développés dans ce que certains considèrent comme un brûlot littéraire à succès commercial.

Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour démonter l’argument ?

 

Le scellé daté d’avant que ne commence la recherche, ce n’est pas un secret d’instruction. Même pas un secret professionnel. Et comme cette méthode est supposée être généralisée, bien des gens à tous niveaux dans l’administration judiciaire sont sensés en être informés.

 

Alors comment se fait-il que personne n’ait eu l’idée de révéler ce principe au grand jour ? Puisque la pratique est a priori courante, pour ne pas dire quotidienne, à en croire l'avocat général.

On n’aurait pas jeté la pierre à celui qui aurait révélé le pot au rose. Tout au contraire, la justice malmenée par les soubresauts médiatiques de l’affaire Ranucci, aurait immédiatement eu du répondant.

 

Les soupçons de manipulation étaient infamants. La découverte du couteau aurait pu avoir été « arrangée ». Si on sait déjà qu'on va le trouver avant même d'aller le chercher.

Mais avec un éclaircissement sur la procédure administrative, l'argument volait en éclat :

"date de découverte = date d'ouverture de l'enquête". 

Si tel est vraiment le cas, la suspicion était aussitôt balayée, et les détracteurs ridiculisés. De là, c’était le levier idéale pour renverser la crédibilité du livre "le pull-over rouge".

Alors, pourquoi personne ne l'a fait ?

 

 

 

Le scelle 11 minl’évidence

 

Les policiers ont eu à faire face à d’autres critiques que cette seule histoire de scellé.

Et on les a vus régir avec vigueur à certaines accusations. Celle de pression physiques sur le suspect notamment.

 

On ne peut pas oser prétendre que ces derniers étaient parfaitement indifférents à toute cette polémique blessante pour la profession.

Mais démontrer que la procédure était normale. Voilà « l’arme » qui leur aurait fallu.

Le scelle 12 min

 

Comme « la lettre volée » de Edgard Poe, l’élément trop visible échappe parfois à un œil qui pourtant cherche dans les détails.

 

Il est alors possible que tout simplement personne n’ait pensé à justifier un fait auquel on ne prêtait même pas attention. Tant il était parait-il ancré dans les habitudes de dater les scellés du jour de l'ouverture de l'enquête.

 

Il aurait fallu que quelqu’un vienne de l’extérieur, de Bretagne précisemement. La sagacité d’un œil neuf sur une pratique auquel personne ne prêtait guère attention.

Tout comme le détective imaginé par Edgard Poe qui découvre la lettre bien en évidence, alors que les policiers ont échoué à la trouver malgré des recherches minutieuses.

 

Mais il est également possible que ce soit la loi du silence qui ait prévalu. On pouvait craindre que la pratique soit décriée. C’était apporter de l’eau au moulin des persifleurs.

 

Mais s’il s'était agit de l’affaire Godard, il y aurait de quoi être décontenancé. Comment comprendre que les indices s'étalent sur 7 ans, si on les date tous du même jour ?

 

 

 

Le parloir 13conclusion

 

Si l’hypothèse de manipulation est aujourd’hui abandonnée concernant la découverte du couteau, il reste que la procédure d’enquête reste paradoxale. 

Même si le soupçon de faux en écriture peut être considéré comme infondé, il a été le ressort à d’autres investigations pour voir si "quelque chose d'autre ne collait pas". C'est ainsi que petit à petit des interrogations ont jeté à chaque fois un peu plus le trouble sur la culpabilité du supplicié.

 

Le paradoxe est bien à l’image du fameux « pull-over rouge ». Ce vêtement n’était pas à christian Ranucci, mais est toujours conservé sous scellé. A l’inverse, des objets qui étaient véritablement sa propriété ont depuis disparu.

 

Le doute concernant l'exploitation des scellés a commencé à cause d'une date. Mais il ne s'est pas arrêté. Et surtout pas avec l'ouverture du carton des pièces à conviction en 2006.

 

 


 

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