le rhesus
la compr - omission
Le pull-over rouge reste emblématique de l’affaire Ranucci.
La soi-disante « preuve » devient un élément gênant.
Il en va de même de la tache de sang sur le pantalon.
revirement
L'examen du pull-over rouge durant l’enquête peut être résumé en 5 étapes :
| 1 |
un pull-over rouge est retrouvé dans la champignonnière |
|
| 2 |
un satyre en pull rouge sévit dans les cités marseillaises |
|
| 3 | si le pull est celui de christian Ranucci, alors c'est lui le satyre | |
| 4 |
à l’essayage le pull n'est pas à sa taille |
|
| 5 |
finalement, on oublie le pull |
Si l’on s’intéresse à la tache de sang sur le pantalon, on peut voir un cheminement qui se dessine de manière analogue :
| 1 |
une tache de sang est trouvée sur le pantalon |
|
| 2 |
ce sang de groupe A pourrait être la preuve du crime |
|
| 3 | christian Ranucci et la petite fille étant de groupe A, il faut le rhésus | |
| 4 | ? | |
| 5 | ? |
Sans le rhésus dans le rapport d’analyse sanguine, il semble impossible de compléter le tableau.
Mais des éléments extérieurs au laboratoire de Marseille vont nous y aider.
test
La détermination du rhésus, c’est comme l’essayage du pull-over.
Pour le pull, une fois enfilé par christian Ranucci, on sait immédiatement si c’est le sien ou non.
En ce qui concerne le rhésus, c’est presque pareil. Sitôt qu’on le connait, on peut savoir s’il s’agit de son sang ou non.
En tout cas, avec une probabilité énorme, comme on va le voir.
habilitation
Quel laboratoire est chargé de l’analyse de la tache de sang ?
Il ne s'agit pas d'une quelconque officine assurant un travail de sous-traitance.
L'expertise est confiée au laboratoire de police scientifique de Marseille. A ce titre, l'ingénieur chimiste missionnée sur l'affaire « doit faire connaître dans son avis toutes les informations qui apportent un éclaircissement sur les questions à examiner. »
(article 244 du code de procédure civile)
La détermination du rhésus n’est donc pas une option, c’est une obligation légale. Car cet élément pourrait permettre de départager l’origine de la tache de sang. Il s'agit en l'occurrence de savoir si elle provient de la victime ou du suspect.
information
Dès le départ, une carence de renseignements d’ordre médical semble surprenante.
On connait le groupe sanguin de la victime. On dispose aussi de celui du suspect. Mais étrangement, pour l’un comme l’autre, le rhésus n’est pas fourni.
Imaginons un instant que l'ingénieur chimiste ne dispose pas réellement de cette donnée. Il faut réaliser des prélèvements sur la victime. Nul besoin de demander un permis d’exhumation qui réclamerait une décision de justice. Le corps est entreposé à l'institut médico-légal.
A l'époque, le laboratoire de la préfecture de police est près du vieux Port. Et l'institut où sont réalisées les autopsies n'est qu'à 3 kilomètres en ville, à l'hôpital de la Timone.
Pour christian Ranucci, ce n'est guère plus compliqué. Il est (pour l’instant) toujours vivant. Une prise de sang à la prison des Baumettes fournira l’information. C’est à 9 km, soit à peine 20 minutes en voiture.
probabilité
Aujourd’hui, nous connaissons le rhésus du groupe sanguin de christian Ranucci.
Il avait été déterminé en mars 1970 par le laboratoire Massot à Voiront, dans le département de l’Isère. Et le résultat obtenu aurait de quoi réjouir le laboratoire de police scientifique de Marseille : Groupe A rhésus négatif !
Pourquoi s’en réjouir ? Parce que seul 7% de la population Française est A-. Et seulement 16% parmi les gens de groupe sanguin A.
Concrètement, cela signifie que le laboratoire a 5 chances sur 6 de pouvoir dire si le sang est celui de christian Ranucci. S'il est de quelqu’un d’autre, ce sera en l’occurrence marie Dolorès.
technique
La détermination du rhésus, c’est un peu comme l’alcootest.
Si l’on observe un changement de couleur : vous êtes positif.
Quand ça ne bouge pas, alors vous êtes négatif. A moins que l’alcootest soit déficient.
Pour le rhésus, on dépose un échantillon du sang dans une solution réactive. Si les globules rouges s'agglutinent, le sang de groupe A sera classé A+.
S’il ne se passe rien, alors on inscrit A- dans le rapport d’analyse.
A moins que l’expérience ne soit loupée ?
résultat
5 chances sur 6 de réussite, il y de quoi être confiant.
Il faudrait un hasard vraiment funeste pour empêcher d’obtenir un résultat. Dans ce cas, il faudra justifier l’échec.
Contre toute attente, il n’y a pas d’indication de rhésus dans le rapport d’analyse. Mais plus grave encore, aucun motif n’est fournie sur cette absence.
Problème technique ? Il suffisait de la préciser.
Comme par exemple, dire qu’il ne reste pas assez de sang pour déterminer le rhésus. Et pourtant, il n’en faut pas beaucoup.
Si le laboratoire ne fournit pas de conclusion, une explication alternative s’impose.
déduction
L’absence de rhésus dans le rapport d’analyse sanguine est injustifiée.
Le terme « injusticiable » conviendrait d’ailleurs mieux. Et cette carence autorise à compléter notre tableau du début.
|
1 |
|
une tache de sang est trouvée sur le pantalon |
|
2 |
|
ce sang de groupe A pourrait être la preuve du crime |
|
3 |
|
christian Ranucci et la petite fille étant de groupe A, il faut le rhésus |
|
4 |
|
christian Ranucci est A-, tandis que marie Dolorès est A+ |
|
5 |
|
le sang du pantalon est celui de son propriétaire, et n’a rien à voir avec la victime |
Ce scénario a 5 chances sur 6 d’être vrai. C’est déjà énorme. C’est comme jeter un dé où vous avez défini 5 chiffres gagnants.
L’un des 5 chiffre sort, et pas celui perdant : vous avez gagné !
Dans la réalité de l’affaire Ranucci, on est en fait dans une probabilité qui est supérieure à 5 sur 6.
l’attentat
Le 31 décembre 1983, une bombe explose à la gare Saint-Charles de Marseille.
Des échantillons de la charge plastic consumée sont confiés à l'ingénieur chimiste du laboratoire scientifique de la police. Son analyse du résidu explosif permet d’identifier l’auteur de l’attentat : le terroriste Carlos.
En revanche, moins de 10 ans auparavant, ce même ingénieur chimiste n’arrive pas à nous dire si christian Ranucci a taché son pantalon en saignant du nez. Pourtant, une simple détermination du rhésus pourrait nous l’apprendre.
Ce genre de travail en labo, on en fait pourtant déjà des milliers par jour en France en 1974.
Alors très franchement, cette absence de rhésus dans le rapport d’analyse jette un doute intolérable. Surtout sans la moindre explication de la part d’une personne assermentée.
conclusion
Quelle est l’origine humaine de la tache sur le pantalon?
On sait aujourd’hui que l’on avait 5 chances sur 6 de la trouver .
C’est déjà beaucoup. Mais le travail n’a officiellement pas été fait. Et cette carence n’a jamais été justifiée.
On a donc de quoi se faire raisonnablement une conviction. Et ainsi reprendre l’adage populaire : « on nous a caché quelque chose ! »
On nous a « gâché » quelque chose, c’est certain.
Pour en savoir plus sur l’accident de christian Ranucci qui permit la détermination du rhésus, cliquez sur :
Pour mieux connaître la façon de déterminer le groupe sanguin, cliquez sur :
Pour découvrir si l’analyse du sang sur un tissus était l’action la mieux adaptée, cliquez sur :
Ajouter un commentaire