le dernier film
le film prémonitoire
« le trésor de la
Sierra Madre »
le tout dernier film
vu par christian Ranucci
le scénario parait aujourd’hui prémonitoire
démonstration en 10 points
1 - la loterie
La vedette de « le trésor de la Sierra Madre » n’est autre que l'acteur mythique humphrey Bogart.
Le début du film nous montre son personnage acheter en maugréant un billet de loterie. Le ticket s'avère gagnant. C'est pour lui le signe que la chance lui sourit.
C'est peut-être cette scène que christian Ranucci avait encore à l'esprit quand il écrivit :
Moi, " à la grande loterie de la vie, j'ai tiré le mauvais numéro sans même avoir pris mon billet."
D'autres aspects du scénario sont encore plus troublants.
2 - exotisme
christian Ranucci avait un rêve : voyager loin.
Serveur au bar de sa mère « le rio bravo », il ne manquait pas de questionner les touristes.
Le film de john Houston a été tourné au Mexique en décors naturel. Est-ce pour cette raison que le jeune homme jette son dévolu sur l’amérique du sud ?
En prison, il imagine y refaire sa nouvelle vie, une fois son innocence établie.
Christian Ranucci fait son choix sur le Venezuela. C’est économiquement le pays qui lui semble le plus prometteur. A défaut d’y trouver de l’or, il y fera bonne fortune.
Mais avant toute chose, dans sa cellule grisâtre de quelques mètres carrés, les vastes étendues qu’il a pu voir dans le western symbolisent pour lui la liberté.
C’est ainsi qu’il peut s’évader par l’esprit durant les 784 nuits qu’il passera en prison.
3 - impitoyable 
Réalisé en 1948, « le trésor de la Sierra Madre » répond à l'adage bien connu : "venus chercher de l'or, ils trouvèrent du plomb".
Le western fait la part belle aux rapports brutaux entre hommes.
On règle ses problèmes de manière expéditive, si l’on ne passe pas par une justice qui peut l’être tout autant.
Mais ce monde viril et impitoyable des cow-boys est-il si éloigné de celui que va vivre christian Ranucci de son arrestation à son exécution ?
Après l'obtention de ses aveux, il subit une procédure d’instruction qui battra des records de vitesse.
On se demande si la société de 1974 est si différente des mœurs du far-west. Il ne manque plus que les appels au lynchage.
Ils viendront avec le procès, scandés par la foule massée devant le tribunal.
Mais dès l’arrestation de christian Ranucci, certains journaux chauffent l'ambiance.
Un article propose tout simplement de ne pas perdre son temps avec un procès. Comme la justice du far west.
4 - le trio
Christian Ranucci a 2 avocats pour le défendre.
Vient se greffer un 3e pour palier à l’inexpérience du plus jeune, maître Le Forsonney.
Les aventuriers de la Sierra Madre sont également un binôme auquel vient s’adjoindre un prospecteur expérimenté. Tous les trois rêvent du filon qui va changer leur vie.
En ce qui concerne les 3 avocats, ils ne savent pas encore que l'affaire va bouleverser leur existence. Certes, ils sont bien conscients que le dossier qu’on leur confie n’est certainement pas en or. Il pourrait même faire perde de l’argent au cabinet, tant les circonstances peuvent jeter l’opprobre sur les défenseurs.
« C’est pas un cadeau qu’on vous fait ! » diront laconiquement les gardiens de prison des Baumettes.
Pour autant, même si l’affaire est loin de susciter la convoitise dans le milieu judiciaire, elle n’empêchera pas la jalousie et les disputes pour établir la part de chacun.
Tous comme pour nos chercheurs d’or.
5 - menace
Le danger peut surgir à tout moment.
Bandits de grand chemin comme animaux sauvages.
Les 3 prospecteurs évoluent dans un univers où ils mettent leur vie en péril pour arriver à leurs fins.
Marseille et Aix-en-Provence ne sont pas la far-west ?
Et pourtant, nos 3 avocats n’en évoluent pas moins dans un monde à risque.
Face à une population surchauffée, ils n’ont aucune garantie d'éviter l’acte d’un exalté. Aussi imprévisible et redoutable que la morsure du crotale.
La sortie du tribunal sera pour eux un moment crucial, tant elle confirme le danger physique qu’ils prennent à pratiquer ce métier.
6 - méprise
Une scène du film illustre parfaitement la fragilité du témoignage humain, et surtout sa subjectivité.
Parmi les dangers des prospecteurs, les animaux du désert en font partie. Un héloderme, lézard coloré à la morsure venimeuse, vient se loger sous une pierre.
L'un des prospecteurs utilise un tronc d'arbre comme levier pour déloger l'animal. Arrive pointant son colt le collègue qui croit qu'on veut le voler. Son or est caché sous la pierre.
La méprise qui tourne à l’affrontement illustre parfaitement la part d’interprétation personnelle que l’on a dans toute observation visuelle.
Le parallèle est inévitable avec christian Ranucci. Garé sur le bord de la route, Il utilise le poids de son corps comme levier pour redresser la jante de sa voiture.
Arrive alors le couple qui, on le sait, fournira une toute autre interprétation de la situation. Christian Ranucci est supposé ouvrir une portière qui n'existe pas.
Les deux observateurs ne sont certes pas le revolver à la main. Mais même si christian Ranucci l'ignore encore, c'est dès cette étape que sa mort est programmée.
7 - discorde
La rupture est catastrophique pour nos 3 avocats. Autant les prospecteurs se disputent sur le partage de l’or, autant les avocats ne parviennent pas à s’entendre sur la manière de traiter l’affaire.
L’un d’eux refuse de plaider. C'est comme un cadeau que l’on offre aux adversaires.
Les 2 autres s’affrontent sur le partage des tâches : pour qui le procès de la peine de mort, et pour qui la démonstration du doute ?
A vouloir tout prendre, ils n’offrent qu’une argumentation redondante et perdent toute crédibilité.
8 - délitement
Sur les 3 avocats, seuls 2 vont plaider.
Et c’est finalement un seul qui ira demander la grâce.
Pour nos aventuriers du « trésor de la Sierra Madre », la belle entente du départ a également tourné court. Ils se retrouvent à deux, et enfin plus qu'un seul pour poursuivre l'aventure.
9 - morale
« Que de morts pour rien »
C'est le commentaire que fait christian Ranucci à sa mère à la fin du film.
Son affaire fera au moins 2 morts, et peut-être 4.
Outre la petite victime et lui-même, son juge d’instruction prendra des risques inconsidérés pour sa vie, peut-être travaillé par la culpabilité.
Quand au frère de la fillette, son avocat ne manquera pas d’évoquer son traumatisme d’enfant pour atténuer sa responsabilité dans le meurtre de sa patronne. Sans compter qu'il récidivera à sa sortie de prison.
10 - épilogue
Dans le désert de la Sierra Madre, la morsure de l'héloderme, « le monstre de Gila » est un danger mortel.
L’un des aventuriers a ce commentaire équivoque :
« il ne lâche pas prise, même si on lui coupe la tête ».
et de rajouter : « même quand l'homme est mort ».
Les mots sonnent étrangement si l’on poursuit le parallèle avec l’affaire Ranucci.
Car son exécution n’a pas mis fin à l’histoire, loin s’en faut …
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