* salem
Depuis le 17e siècle, la justice a fort heureusement progressé.
Mais les travers humains dénoncés par arthur Miller dans sa pièce de théâtre restent d’actualité.
Tant et si bien que le procès des "sorcières de Salem" ressemble au traitement de l'affaire Ranucci.
épreuve
Plongeons-nous dans le monde puritain de la côte Est américaine de 1692 : la prière est pour tous un exercice quotidien.
Il est donc facile pour quiconque de la réciter sans faille. Mais du point de vue des théologiens de l'époque, ce n'est pas le cas pour celui ou celle qui a pactisé avec le diable. Le possédé ne peut pas s'adresser à Dieu sans commettre un lapsus ou marquer une hésitation.
Hélas, dans le cadre d'un procès en inquisition, perdre ses moyens est vite arrivé à l'accusé. Une seule fausse note dans la récitation adressée au divin, et certains ne se gêneront pas pour y voir la marque du démon.
C'est comme devoir traverser un précipice sur une poutre d'une largeur pourtant suffisante. Vous le feriez sans peine sur une bande de largeur équivalente posée sur la terre ferme. Mais avec le vide sous vos pieds, des sueurs froides vous parcourent. Car le moindre faux pas vous serait fatal.
La sensation d'effroi est comparable à devoir réciter une prière devant le tribunal de l'inquisition. Savoir que le moindre béguaiement peut vous vouloir la condamnation à mort suffit à mal articuler un mot.
interprétation
Les méthodes de l'inquisition relèvent d'une époque où l'obscurantisme avait encore sa place dans la loi.
Et pourtant, on est tenté d'en faire un parallèle avec l’interrogatoire de christian Ranucci. Paniqué à l’idée de perdre son permis de conduire, il est émotif. De là il biaise les questions pour ne pas reconnaitre être responsable de l’accident au carrefour de la Pomme. Son trouble est forcément interprété de manière bien plus grave par les enquêteurs. On y voit le signe qu'il cache une responsabilité de meurtre.
En la matière, la pièce de théâtre « les sorcières de Salem » dispense un parangon de l’interprétation à dessein.
amen
Au 17e siècle, dans la Massachusetts, Comme dans tout état puritain, le condamné à mort à droit de s’adresser une dernière fois à son créateur.
C’est la corde passée au cou que l'un des accusés du procès de Salem entame sa prière. Mais aucune anicroche ne vient ponctuer son ultime adresse à Dieu.
Sauf qu'avant de prononcer « amen », le condamné marque un temps d’hésitation. Quoi de plus compréhensible : c’est exactement comme dire « feu ! » au peloton armé qui vous exécute dans la seconde qui suit.
Il n’a finalement pas le temps de prononcer le mot final qu’on le fait chuter dans le vide. La réputation est sauve pour ses juges : leur erreur publique est escamotée. Si l'homme avait pu réciter sa prière jusqu'aux deux ultimes syllabe, sa culpabilité de commerce avec le diable s'écroulait, et la probité des juges avec.
Le condamné a seulement voulu prolonger son dernier souffle de vie par un temps d'arrêt avant le mot fatidique. Il n'y a rien que de très humain. Mais d'autres y voient le phrasé de Satan qui rechigne à prononcer la formule sacrée. Ainsi voit-on les choses dans tout système qui ne doit sa vérité qu’à lui-même.
test ultime
Dans le cas de christian Ranucci, une méthode aurait pu plaider pour son innocence.
Non pas les analyses psychologiques ineptes qui se sont vautrées dans la contradiction. En revanche, une manière concrète aurait mis à jour de façon plus fiable le mental du sujet.
Le procédé aurait certes été barbare : organiser à christian Ranucci une fausse exécution.
Réveiller quelqu'un en pleine nuit pour lui annoncer qu'il va être exécuté est d'un sadisme composé. D' ailleurs des gardiens de prison s'y sont "amusés" avec philippe Maurice, l'un des derniers condamné à mort finalement gracié.
Même si la méthode relève du sadisme mental, elle n'en est pas moins d'une effrayante efficacité si l'on veut tester la capacité de contrôle d'un individu en condition extrême.
Pour christian Ranucci, il y eut malheureusement un vrai réveil à 4 heures du matin, suivi d'une vraie exécution. Le courage et la maîtrise dont il fit preuve établissait de manière définitive ce constat : le "raptus criminel", ce n'était pas pour lui.
Une preuve supplémentaire qu'il n'était pas l'assassin de la fillette dans la garrigue près de la commune de Pépin deux ans auparavant.
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