* l'analyse

quand le signe ( - ) associé au rhésus peut tout changer

 

Le sang 06Déterminer un rhésus sanguin est un exercice d'expertise banal.

 

Dans l'affaire Ranucci, il semble qu'elle connait un raté.

 

 

 

L analyse 02le groupe sanguin

 

Le rapport du laboratoire offre 2 précisions :

1 - c’est bien du sang qui a été retrouvé sur le pantalon

2 - ce sang est du groupe A

Il s’agit du groupe sanguin le plus commun : il correspond à 45% de la population française.

Il aurait été plus intéressant qu’il s’agisse d’un groupe sanguin B ou AB : respectivement 9 et 4% de la population.

Mais le groupe A, c’est déjà une donnée intéressante. Ça laisse tout de même 2 chances sur 3 de savoir de qui peut provenir ce sang.

 

 

 

L analyse 03probabilités

 

Quel est le groupe sanguin de Christian Ranucci ?

Pour qui l'ignore, on sait d'avance qu'il a presque 1 chance 2 d’être de type A.

Marie-Dolorès Rambla, la victime, en a tout autant.

 

et voici les combinaisons possibles :

L analyse 04

la comptabilisation donne ces résultats :

L analyse 05

Notons que christan Ranucci est d’ascendance arménienne. Marie-dolorès a ses  deux parents espagnols. Ceci élimine les risques de concentration de même groupe sanguin sur une population en un endroit donné.

L analyse 06

On a tout de même une configuration encourageante : plus de 2 chances sur 3 de savoir de qui vient la tache de sang sur le pantalon. Ceci à partir de 2 personnes de sources ethniques éloignées.

 

Malheureusement, en matière de hasard aléatoire, christian Ranucci n’est guère favorisé par le destin.

Comme il écrira dans sa cellule de condamné à mort  :

« A la grande loterie de la vie, j’ai tiré le mauvais numéro, sans même avoir pris mon billet. »

 

 

 

L analyse 07le rhésus

On prétend que l’affaire Ranucci est une succession de hasards malencontreux.

L analyse 08C’est une nouvelle fois vérifié.

 

Christian Ranucci et marie-dolorès Rambla sont tous les deux du groupe sanguin A.

 

L’analyse pourrait s’arrêter là. Mais on peut encore affiner en déterminant le rhésus. C’est a priori peine perdu. L’écrasante majorité des individus de groupe A, sont rhésus positif.

 

Il n'y a donc par conséquent guère d’espoir de déterminer lequel des 2 organismes humain a produit la tache.

Sauf que …

 

 

 

L hospitalisation 04la prise de sang

 

Le rhésus sanguin de christian Ranucci ?

Aujourd'hui, on le connait. Et 4 ans avant l'affaire, il était déjà déterminé. Grâce à une analyse de sang consécutive à un accident. Son groupe sanguin est A négatif.

 

En revanche,  on ignore le rhésus de marie-dolorès, la victime. Faire partie du même groupe sanguin que chrisitan Ranucci diminue la probabilité de pouvoir faire la distinction. Mais la petite fille conserve une probabilité de 84% d’être de rhésus positif. Et ça laisse autant de chance pour savoir de qui vient la tache.

 

 

 

L analyse 10l'agglutination

 

En 1974, les techniques de caractérisation sanguines sont rodées.

La détermination des groupes sanguins apparait au début du 20e siècle. Celle des rhésus arrive durant sa 1ère moitié.

Dans les années 1970, ces deux données sont intégrées dans l’analyse de sang.

L analyse 11

+

L analyse 12

=

L analyse 13

hématies

anticorps

agglutination

 

Pour les deux recherches, "groupe" et "rhésus", la technique est similaire. On isole des globules rouges et on les mets en contact avec des anticorps.

Y-a-t-il agglutinations entre les globules et les anticorps ? De cette observation il est possible d'en déduire le rhésus.

Alors, pourquoi aurait-on seulement déterminé le groupe et pas le rhésus sur le pantalon de christian Ranucci ?

On peut y trouver 2 types d'explication possibles :

          - soit administrative

          - soit technique

 

 

 

L analyse 14le devis

 

Que faut-il pour qu'une analyse soit réalisée ?

La 1ère des choses semble une évidence : encore doit-on l'avoir demandée.

Pour cette simple raison, il est fort possible que la recherche du rhésus n’ait pas eu lieu.

 

Mademoiselle Di Marino juge d’instruction a  fait la fac de droit, pas celle de médecine. Accordons-lui l'indulgence à ce qui va suivre. Quand elle demande l’analyse d’une tache de sang, elle ne peut pas rentrer dans les détails concernant le groupe sanguin.

 

C’est comme la voiture dont on demande le réglage des freins. Si le garagiste ajuste le serrage sans changer les plaquettes, il prétextera que «  c’est hors devis ».

 

La situation ne serait pas unique dans l’affaire Ranucci. On a bien un psychiatre qui lui trouvait des circonstances atténuantes, mais seulement une fois décapité ! Pourquoi ne pas l'avoir dit avant ? La faute au tribunal selon lui. On ne lui avait pas posé suffisamment de questions au procès. (sic)

Les circonstances atténuantes, visiblement « c’était pas dans le devis » du psychiatre. Toujours le même principe : ça n’a pas été demandé, donc on ne s’en occupe pas.

 

L’autre explication possible est d’ordre technique.

 

 

 

L hospitalisation 08l’échantillon

 

Pourquoi le laboratoire n’a-t-il pas déterminé le rhésus?

Il convient de poser la question à un spécialiste des prélèvements.

Celui interrogé en 2016 à une connaissance "planétaire". Entendons pas là que son expérience s’est faite jusque dans des contrées fort éloignées.

« Quelle différence y-a-t-il entre la recherche du groupe sanguin et celle du rhésus ?

- La différence entre groupe et rhésus relève de la nature des anticorps dans le sérum employés. On n’utilise pas le même « réactif » pour observer l’agglutination ou non des hématies s'il s'agit de déterminer soit le groupe, soit le rhésus.

- Alors, pour quelle raison technique, on se serait arrêté au groupe, et on n’aurait pas poursuivi l’analyse sur le rhésus ? "

Mon interlocuteur réfléchit un moment avant de répondre :

" Il se peut tout simplement que le laboratoire ne disposait pas suffisamment de sang pour poursuivre la recherche. Si tout le sang qui a été prélevé a servi pour le 1er test, à savoir celui de la détermination du groupe, alors on ne peut pas aller plus loin."

Je relance :

" - l'échantillon a pu servir pour faire d'abord les test aux anticorps du groupe O, et  aussi du groupe B ? Ça expliquerait que l'on ait épuisé la quantité de sang disponible.

- Ce ne serait pas une méthode très logique. En tous cas franchement pas professionnelle. On commence toujours l'analyse avec l'anticorps correspondant au groupe sur lequel on a le plus de chance de tomber : le A en l'occurrence. »

 

 

 

L instruction 03obstruction

 

Le laboratoire a-t-il pu manquer de sang pour connaître le rhésus ?

Cela parait difficile à croire quand déterminer le groupe sanguin doit normalement réussir du 1er coup.

Sans être spécialiste, toute personne qui a fait une prise de sang sait que l’on remplit au moins 2 tubes à essai. On s'étonne que le laboratoire marseillais n'ait pas préparé à l'avance 2 compositions extraites de la tache du pantalon. Même  des quantités infimes permettent d'observer le phénomène.

 

 

 schéma n° 1 

 

   schéma n°2 
L analyse 17              L analyse 18

rhésus +

rhésus -

 

La qualification de rhésus positif se fait quand au microscope on peut voir une agglutination. Toutes les hématies se rassemblent, unies par le sérum qui les fait réagir. ( schéma n°1 )

Mais si on ne constate pas ce phénomène, que les hématies restent dispersées, alors on classe en « rhésus négatif ».

( schéma n°2 )

 

Si le sang sur le pantalon est celui de christian Ranucci, alors c'est le schéma n°2 que l'on doit observer. Pas de phénomène d'agglutination, toutes les cellules sanguines restent dispersées.

A moins que ...  à moins que l’expérience soit loupée !

 

On est en droit d'incriminer l’absence d'agglutinat à un protocole technique non satisfaisant. D’où la nécessité de refaire l’expérience. A condition bien sûr de disposer d’un échantillon de sang suffisant.

Mais quelque soit la raison de l'échec de détermination du rhésus, pratique ou technique, il suffit de le préciser dans le rapport d'analyse.

 

 

 

L analyse 19sélection

 

Il existe encore une 3e et dernière possibilité.

Le laboratoire aurait fait la recherche de rhésus et l'aurait trouvé.

Mais personne n’aurait prêté attention à ce détail, ô combien important.

Ça vous parait trop énorme ? Pourtant, question perle, dans le dossier, on trouve encore mieux.

Rappelons que le parquet a bien reçu un rapport d’autopsie où il n’y avait ni le jour, ni l’heure du décès. C'est tout aussi édifiant, mais personne à l'évidence ne s’en est rendu compte.

 

Dans cette enquête, on a aussi la fâcheuse tendance à rebrousser chemin, sitôt que ça ne va pas dans la direction de la culpabilité.

Alors, si la détermination du rhésus pourrait instiller le doute sur les charges que l’on fait porter à christian Ranucci, cette analyse peut paraitre superflue aux yeux de certains.

C'est comme pour le fameux pull-over rouge...

 

 

 

Le couteau 24conclusion

 

On ne sera jamais pourquoi le rhésus de la tache de sang n'a pas été publié.

Mais cette absence impardonnable autorise à penser qu'il ne s'agissait pas du sang de la victime.

Un principe de droit unanimement connu précise que "le doute  doit profiter à l'accusé".

 

Dans le cas présent, on peut même aller encore plus loin :

- l'expertise tronquée met à plat un élément à charge

- l'accusation prétendait y voyait une preuve qui n'est plus recevable

- la tache de sang ne peut pas être considérée comme celle de la victime

 

 

 

 

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